Qui es-tu en quelques mots ?
Oh la la, la première question est toujours la plus difficile ! C’est si difficile de se présenter en quelques mots sans se résumer à des petites cases… mais je me lance : je suis Carole, j’ai 33 ans (ou 34 selon la date à laquelle tu publies cette interview !), je suis prof de yoga, mais aussi juriste, traductrice, maman, vegan, fan de tricot, passionnée de plantes vertes et de lecture (principalement des romans de fantasy que je n’arrive pas à lâcher une fois commencés). J’aime le vin et le fromage (vegan du coup), la médecine traditionnelle chinoise, et autant le Yin Yoga que le yoga dynamique.
Depuis quand pratiques-tu le yoga ?
J’ai déroulé mon premier tapis de yoga en mars 2009.
Comment et pourquoi t’es-tu retrouvée sur un tapis de yoga pour la première fois ?
En 2009, le yoga était un peu, voire beaucoup moins à la mode, mais on entendait déjà vaguement parler de ses bienfaits pour la santé, et surtout sur le stress. Or j’étais stressée. J’avais 24 ans et je suivais depuis 3 mois une chimiothérapie pour un lymphome, diagnostiqué tardivement, et nécessitant donc un traitement lourd et long. J’étais épuisée, déprimée, insomniaque, angoissée. Je me suis dit « je vais essayer de faire du yoga » (j’avais sûrement lu un article dans un magazine, parce que je n’étais pas du tout branchée « bien-être » à l’époque…). Je suis donc allée sur les pages jaunes, j’ai vu qu’il y avait une petite salle de Hatha Yoga en bas de chez moi et j’y ai pris un abonnement « un cours par semaine ».
Qu’est-ce qui te plaît dans le yoga ?
La réponse à cette question varie chaque jour. A une époque j’aurais pu dire que c’était l’effet du yoga sur mon stress, mon anxiété. Ou alors le fait de voir mon corps évoluer. Ou encore de mieux dormir la nuit. De retrouver de l’énergie. Ou de me détendre. De comprendre ce qu’est un chakra. Finalement, ce qui me plaît tant dans le yoga, c’est qu’il permet tout ça. Il me reconnecte à moi, me permet de trouver moi-même ce dont j’ai besoin, et de le créer dans ma vie, à travers la pratique.
Quand et pourquoi as-tu décidé de suivre une formation de prof de yoga puis d’en faire ton job à plein temps ?
En mai 2015, ma fille avait un an, et je me sentais prête, après 18 mois consacrés à la grossesse et à la maternité, pendant lesquels une partie de moi était nécessairement « entre parenthèses », à remettre certains de mes propres besoins et envies au premier plan. Je faisais du yoga depuis 6 ans, étant passée du Hatha à l’Ashtanga, puis au Vinyasa, entrecoupés de pré- et post-natal. Je suis allée à une retraite de yoga, et en rentrant de ces quelques jours passés à pratiquer 3 à 4h par jour, j’ai eu envie d’approfondir vraiment ma pratique, mais aussi d’enseigner. A ce moment, j’animais déjà des cours de Gym Suédoise depuis quelques années, et je sentais aussi que j’avais envie de transmettre plus que du fitness et de la bonne humeur, à travers le yoga. J’ai cherché une formation qui se déroulerait à Paris (je ne me sentais pas prête à quitter ma famille un mois), qui correspondait à mes attentes et à ma pratique (je souhaitais une formation compatible avec ma vie active et familiale, fondée sur le Vinyasa, avec des professeurs que je connaissais et appréciais…), et j’ai trouvé Expansion Freedom Voice (EFV).
Je n’envisageais pas du tout d’en faire mon job à plein temps. Je pensais donner un ou deux cours par semaine, en plus de mes cours de Gym Suédoise. Dans les faits, ça ne s’est pas trop passé comme ça. J’ai eu beaucoup plus d’occasions d’enseigner que prévu, et ce n’était plus compatible avec mon emploi du temps. Aller au bureau est devenu pesant. Le reste s’est fait tout seul (ou presque) : il fallait que j’arrête d’enseigner, ou que je quitte mon job. Le choix n’était pas facile ni très pragmatique, mais j’ai finalement quitté le travail que j’exerçais depuis 10 ans et pour lequel j’avais fait 5 ans d’études, soutenue dans mon choix par cette pensée que j’avais eue en retournant au bureau à la fin de mon arrêt maladie de 2009 : « Je ne vais pas passer le reste de ma vie dans un bureau, j’ai envie de faire quelque chose d’utile, d’apporter du bien-être aux autres ».
Que penses-tu de l’image du yoga renvoyée par les réseaux sociaux (filles minces et ultra flexibles, garçons musclés toujours la tête en bas…) ?
Je suis personnellement de moins en moins de comptes Instagram « à gros chiffres », avec photos professionnelles, postures dingues, corps de rêve. Mais j’ai commencé par là. Pour finalement m’en désintéresser et suivre des personnes qui me semblent plus réelles. Je ne dis pas que les super yogis minces et musclé.e.s sur les réseaux sociaux ne sont pas de vraies personnes, mais simplement qu’ils ou elles ont choisi de partager une certaine image, un certain discours. Comme ça me donne l’impression de lire et voir toujours la même chose, ça ne m’intéresse plus trop, à la longue. Ca ressemble plus à une pub qu’à des réseaux sociaux, finalement. L’intérêt des belles photos et des corps parfaits dans des postures « waouh », c’est que ça accroche l’oeil, ça peut amener au yoga. Le risque, c’est évidemment que ça rebute aussi, et qu’une bonne partie des personnes qui voient ces photos se disent « Nope. Pas pour moi ».
Mais je pense qu’on trouve de plus en plus de personnes qui choisissent de partager leur yoga quotidien, leurs galère, leurs interrogations et même leurs photos moches sur les réseaux sociaux, et c’est cet aspect qui m’intéresse et que je recherche. C’est aussi ce que j’essaie de faire moi-même sur les réseaux sociaux, pour apporter ma petite pierre de « Yogi Madame Tout Le Monde » à l’édifice.
Si tu avais un conseil à donner à quelqu’un qui voudrait se former pour devenir prof de yoga et devenir prof à plein temps ?
Le conseil que je donne le plus souvent, c’est celui de prendre son temps. Prendre son temps pour apprécier sa propre pratique, pour explorer le yoga, pour observer ce que ce métier implique, pour voir si on peut en vivre, aussi.
Je rencontre beaucoup de personnes qui ont découvert le yoga récemment (parfois moins d’un an), qui ont un énorme coup de coeur, qui pratiquent de manière intensive et ont aussi, à ce moment de leur vie, un ras le bol professionnel. Le raccourci de « je plaque tout et devient prof de yoga » est super tentant et pourrait même paraître évident. Ca me semble pourtant un processus à aborder avec lenteur, comme on aborde une pratique de yoga, tout compte fait. S’assurer de la pérennité du yoga dans notre vie, ancrer les principes yogis à notre quotidien, assimiler les enseignements physiques et spirituels de la pratique sont des choses qui prennent du temps. Aussi : prendre son temps permet de profiter de sa lune de miel avec le yoga avant de se lancer dans un teacher training. Ma prof Amanda disait « Yoga Teacher Training will ruin your practice ». Ca me faisait rire, mais en effet, pendant et après une formation, on ne pratique plus jamais l’esprit aussi léger : on a en tête notre prochaine séquence, notre dernier cours, on s’interroge sur le cours du prof, on examine parfois l’alignement de l’élève d’à côté… On aborde cette pratique avec un regard professionnel, c’est plus dur de lâcher-prise et juste profiter du cours ! S’assurer aussi qu’on aime enseigner. Dans prof de yoga, il y a « prof ». On ne vit pas « du yoga », mais bien de son enseignement !
Et puis une fois qu’on sait qu’on veut suivre une formation, qu’on a notre diplôme, et qu’on commence à donner nos cours, il y a la dernière étape : le faire à temps plein. Un jeune prof qui se lance va nécessairement avoir beaucoup de cours payés le minimum offert par le marché, c’est comme ça dans tous les secteurs. Alors commencer sa carrière de prof de yoga sans autre travail à côté pour payer les factures peut être vraiment épuisant, c’est le fameux « burn-out » du jeune prof. C’était l’autre conseil de ma prof Amanda, « Don’t quit your day job », et je suis contente de l’avoir suivi pendant plus de 18 mois avant de me lancer à temps plein.
Le dernier conseil (désolée, ça fait deux !) : se former auprès de personnes qui nous correspondent, qui partagent la même vision du yoga que nous. Pas juste parce que cette formation est pratique, elle est au mois d’août en Thaïlande, j’ai justement un mois de vacances et besoin de soleil et j’aimerais commencer à enseigner en septembre. N’hésitez pas à vous renseigner, interrogez les anciens élèves des formations qui vous intéressent, allez à leurs cours, voyez si l’enseignement vous parle. Choisissez votre Teacher Training comme vous choisiriez votre école de commerce, de danse, de langues… c’est votre formation professionnelle !
Un mot à ajouter
Euuuuh. Namasté ?
Merci Gaëlle pour cette interview !
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