Philosophie

Yama #2 – SATYA = être honnête / dire la vérité

Note 1 : Avant de lire cet article, assurez-vous de savoir ce que sont les Yamas et Niyamas. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez consulter l’article : Les 8 branches du yoga. Il est également préférable d’avoir lu l’article sur AHIMSA pour mieux comprendre celui-là. Si vous ne l’avez pas lu, il est là : Yama #1 – AHIMSA = ne pas être violent·e

Note 2 : Satya est le thème des cours de yoga de l’abonnement (Knit &) Yoga illimité pour le mois de juin. Pour en savoir plus sur l’abonnement, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : Abonnement (Knit &) Yoga illimité.

L’honnêteté (SATYA) et la non-violence (AHIMSA) sont intimement liées. L’honnêteté évite que la non-violence ne soit un échappatoire un peu trop facile et la non-violence évite à l’honnêteté d’être une arme trop brutale. En d’autres termes, ne rien dire sous prétexte que nous ne voulons pas blesser n’est pas une solution et dire la vérité sans se soucier de l’impact sur autrui n’est pas non plus une façon d’agir ! Il est fondamental de se rappeler que lorsque nous sommes un peu confus·ses entre agir via l’honnêteté ou agir via la non-violence, l’honnêteté s’incline devant la non-violence : avant tout, ne pas blesser !
A ce sujet, Carl Jung disait : « Le mensonge n’a pas de sens à moins que l’honnêteté soit ressentie comme dangereuse« .

Un peu de subtilité

Nous pouvons penser qu’être honnêtes, c’est ne pas raconter de mensonges à sa mère lorsqu’elle nous demande si nous avons mangé le gâteau auquel nous ne devions pas toucher. Or l’honnêteté exige surtout d’être intègres vis-à-vis de la vie et des autres et aussi vis-à-vis de nous-mêmes. C’est donc plus que ne pas mentir !

Etre gentil·le VS être vrai·e

Etre « gentil·le » est une illusion, une cape qui cache des mensonges si la gentillesse est vue comme un échappatoire sans réflexion à la non-violence. C’est une image que nous nous imposons par rapport à ce que nous pensons devoir être. Les gens qui sont « gentils » de cette manière retiennent l’honnêteté à l’intérieur d’eux-mêmes jusqu’à ce qu’un jour ils craquent.
Etre vrai·e vient du plus profond de nous-mêmes, être vrai·e demande à vivre comme s’il n’y avait rien à défendre et rien à gérer.
Nous pouvons donc nous poser la question : qu’est-ce qui me retient d’être vraiment moi-même dans cette situation ? Il faut essayer d’être franc·he·s avec nous-mêmes dans notre réponse pour évaluer si nous tendons à « être gentil·le·s » ou à « être vrai·e·s ».

Vivre la vie désirée

Si nous suivons les préceptes de satya, nous sommes invité·e·s à vivre la vie que nous désirons vraiment et non celle que les autres attendent de nous ou celle que nous imaginons que les autres attendent de nous.
Bert Hellinger, psychothérapeute allemand, explique qu’en tant qu’êtres humains, nous avons 2 besoins : appartenir à un groupe et nous épanouir et grandir. Lorsque nous évoluons dans des directions au-delà de celles du groupe, nous souffrons donc de culpabilité vis-à-vis de celui-ci. Notre véritable liberté porte donc le prix de la culpabilité.
Il est donc important d’écouter notre voix intérieure et d’être honnêtes avec nous-mêmes pour prendre les décisions qui sont bonnes pour nous.

Economiser son énergie

Yogiraj Achala déclare que cela vaut la peine de réaliser une tâche correctement du 1er coup car rattraper par la suite ce qui a été mal fait prend du temps et donc de l’énergie.
Qui n’a jamais promis quelque chose contre son gré à quelqu’un·e pour faire plaisir et s’est retrouvé·e coincé·e par la suite car iel ne pouvait pas tenir sa promesse ?! Il faut donc se rappeler encore une fois d’être honnêtes avec nous-mêmes avant de nous engager dans une voie que nous risquons de regretter.

Etre fluide et adaptable

L’honnêteté est fluide et adaptable lorsqu’elle va de paire avec la non-violence. Elle peut être intense lorsqu’il est nécessaire de secouer quelqu’un·e ou douce lorsqu’il s’agit d’expliquer subtilement les choses.
Dans tous les cas, il est indispensable de nettoyer régulièrement la lentille à travers laquelle nous regardons le monde. Notre vue est limitée par notre expérience et nos croyances. L’honnêteté nous invite donc à nous remettre en question en nous demandant, comme nous le rappelle Yogiraj Achala : « Qu’est-ce que je ne vois pas parce que je vois ce que je vois ? » (oui, je vous laisse relire la question encore une fois).
Cette fluidité de la vérité s’illustre aussi par le fait que ce qui a été vrai à un moment de notre vie ne l’est pas pour toujours et peut même devenir un mensonge. Pendant une grande partie de mes études, j’ai eu une grande facilité à retenir mes leçons et pour cela, il suffisait que je sois attentive en cours. J’avais donc fait mienne cette vérité que je n’avais pas besoin de passer du temps à apprendre par coeur mes cours. En gardant cette idée fausse, je me suis lamentablement plantée en chimie organique en première année de prépa. Il m’a donc été nécessaire de remettre en question cette vérité qui n’avait plus cours, j’ai appris par coeur mes formules et je me suis réconciliée avec la chimie organique !

Etre honnêtes avec nous-mêmes et avec les autres est un travail constant qui ne s’arrête jamais. Pensez à vous poser régulièrement la question : qu’est-ce qui me retient d’être vraiment moi-même dans cette situation ? Cela ne vous empêchera pas forcément de mentir mais au moins, vous saurez pourquoi vous le faites !

Photo de Kajetan Sumila sur Unsplash

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4 Comments

  1. Les thèmes de mai et juin résonnent en moi par rapport à une situation concrète.
    Cela peut paraître idiot mais j’estime me faire polluer depuis mon retour par mes nouveaux voisins, pas très sympas de surcroît.
    Ils font mettre une piscine. Dans l’absolu, cela ne me pose pas de problème.
    Sauf qu’ils n’ont pas pris la peine de nous prévenir et que les travaux et nuisances sonores durent depuis le jeudi 23/5 et que ce n’est pas fini. Je ne peux plus dormir le matin (parfois dès 6h) et les bruits non continus m’empêchent de me concentrer sur mes corrections…
    Je ressens une frustration et une impuissance : incapable de leur rédiger un mot non-violent et pourtant me sentant roulée dans la farine, je balance entre « j’en peux plus de me plier aux autres » et « je vais les massacrer »… Entre Caliméro et le Joker…
    J’écrase toujours n’aimant pas la confrontation sans argumentation ou je me justifie en long et en large et en viens à m’excuser de demander un peu d’attention.
    En lisant les thèmes, ne pas agresser les autres m’amène à m’agresser moi-même, à me punir, à me ronger. Je l’ai toujours fait pensant que c’était normal. Je n’ai pas le mode d’emploi pour agir autrement.

    Aaahhh… les voisins, les enfants, les chefs…

    1. Oh ma pauvre ! C’est horrible d’être agressée comme ça par la malveillance des voisins. Il y a des horaires à respecter quand on fait des travaux, ce n’est vraiment pas normal. J’espère que ça va bientôt s’arrêter. Bon courage !!!

  2. Te lire, me replonge dans les yoga sutra… encore et encore.
    J’avais choisi (comme beaucoup) les yamas et niyamas pour mon mémoire.
    La quatrième partie des Yoga Sutra reste encore bien difficile pour moi !

    1. Merci Véronique ! Les yoga sutra sont vraiment le type d’ouvrage qui se relit à l’infini et dans lequel on découvre constamment de nouvelles choses, en particulier si on change de traducteur 🙂 Et c’est clair que la 4ème partie demande de s’accrocher !

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